Critiques ciné

Mektoub, my Love – Intermezzo : un brouillon de film

CRITIQUE FILM / AVIS – Le film d’Adbellatif Kechiche a t annonc en comptition de ce 72me Festival de Cannes la dernire minute. Aprs la grande russite du canto uno, nous nous languissions de dcouvrir cette suite, ou plutt cet intermde…et la dception n’en fut que plus grande.

On a pu reprocher Abdellatif Kechiche la sexualisation outrance de ses actrices, notamment concernantLa Vie d’Adle, Palme d’Or en 2013. Dans Mektoub, my love : Canto uno, il semblait vouloir se dbarrasser de toute vulgarit le plus vite possible, pour se concentrer sur son hros, Amin, qu’il avoue lui-mme considrer comme son Antoine Doinel. Grce au talent de ses acteurs, mais aussi par sa manire de filmer le rel et d’en capter des moments d’une vrit touchante, le premier volume de ce qui sera au final une trilogie tait un trs beau rcit fleuve sur la jeunesse, constell de personnages attachants (voir notre critique).

Intermde interminable

L’intermde que constitue ce second volet en est tout l’oppos. La dmarche en soit est intressante sur le papier : raliser une longue mi-temps entre deux volets, dans laquelle tout ceux auxquels nous nous tions attachs continuent de vivre, dans une soire qui s’tale sans vouloir jamais finir. Mais ds son introduction, on sent qu’il y a quelque chose qui cloche dansMektoub my love : Intermezzo. Pendant une demi-heure, on assiste une redite, presque une variation du dbut du premier film. Pourquoi pas, cela nous permet de revenir vers Ophlie, Cline, Tony, ainsi que des nouveaux protagonistes.

On se rappelle cependant que Kechiche a une passion un peu drangeante pour le fessier de ses actrices – plusieurs plans viennent nous le rappeler. Des plans qui reviennent de plus en plus souvent, jusqu’ l’overdose, jusqu’au point de non-retour. Il faut dire qu’une fois les retrouvailles passes, on enchane sur trois heures (!) de boite de nuit. L’ide est en soit intressante, audacieuse mme : on s’attend tre emports par l’ambiance, enivrs par la musique, les scnes du premier volume nous emmenaient sur cette voie l.

Que nenni : les plans s’enchanent mais ne passionnent pas, aucune ambiance lectrique ne s’amorce. Les quelques dialogues a et l ne semblent tre l que pour rassurer l’auteur : quand Kamel, oncle sympathique et un peu obsd, demande aux jeunes femmes s’il ne fait pas un peu pervers, elles lui rtorquent que non. Quand deux des hrones discutent, on a l’impression d’entendre le discours du ralisateur, qui ne le fait pas prononcer par des hommes comme pour se ddouaner.

En cours de montage

Ainsi, Ophlie Bau confirme son talent en tant d’actrice, mais il est triste de voir que Kechiche se contente de l’objectifier. Les scnes delap danceet detwerkse rptent inlassablement, mais filmes avec une vulgarit qui n’est pas, ou alors mal, questionne. L o lecanto unotait ptri d’une dimension potique, y compris dans ses scnes de danse, le matriau est brut de dcoffrage dans l’Intermezzo. On a l’impression que toutes les variantes d’un mme passage sont utilises l’cran, les schmas se rptant inlassablement.

Une scne de sexe centrale fait dj parler d’elle. Mais selon nous, sa longueur excessive (13 minutes) et l’implication de son actrice sont difficiles regarder principalement pour une raison, qui rsume elle seule le problme gnral du long-mtrage. On a en effet l’impression d’tre en face d’une copie de travail. Le long-mtrage semble tre encore en cours de montage – il l’tait srement encore jusqu’ la veille de la projection. Comme si les trois heures taient une premire version d’une scne beaucoup plus courte, comme si le cinaste avait conserv toutes les prises possibles, que le rcit n’taitpas encore pleinement rflchi dans sa globalit.

D’ailleurs, le film n’a pas de fin : celle qui le conclut semble tre pose l, par inadvertance. Paradoxalement pour un film aussi long, on a l’impression qu’il manque des plans, et l’ellipse voulue ne fonctionne pas. Vous l’aurez devin, on ne comprend pas bien pourquoi cet intermde se retrouve en comptition. A la limite, on l’aurait bien vu en sance spciale, plus proche, dans sa condition d’essai, du moyen-mtrage / publicit de Gaspar No (Lux Aeterna), que d’un vritable long-mtrage. Difficile de savoir commentMektoub, my love : Intermezzova tre distribu : on a du mal croire qu’il connaisse une sortie salle, en tout cas dans cette version …

On a pu reprocher Abdellatif Kechiche la sexualisation outrance de ses actrices, notamment concernantLa Vie d’Adle, Palme d’Or en 2013. Dans Mektoub, my love : Canto uno, il semblait vouloir se dbarrasser de toute vulgarit le plus vite possible, pour se concentrer sur son hros, Amin, qu’il avoue lui-mme considrer comme son « Antoine Doinel ». Grce au talent de ses acteurs, mais aussi par sa manire de filmer le rel et d’en capter des moments d’une vrit touchante, le premier volume de ce qui sera au final une trilogie tait un trs beau rcit fleuve sur la jeunesse, constell…

Conclusion

Note de la rdaction

Cet intermde est difficilement jugeable en tant que film, tant on a l’impression d’assister une copie de travail. Le concept, s’il avait t russi, aurait pu tre gnial : il n’est ici que brouillon.

Note spectateur : Sois le premier !