Martin Scorsese est srement un des plus grands cinastes vivants, et fait partie des derniers ralisateurs du Nouvel Hollywood encore tourner des longs-mtrages, inlassablement. Comme si le temps n’avait pas de prise sur lui, de la mme manire que nombre de ses films sont gravs jamais dans l’histoire du cinma. La dernire fois qu’on l’avait vu l’uvre, c’tait en 2017, pour un objet dont la matrise n’avait d’gal que la sobrit :Silence.

Knockin on documentary’s door

Ce n’est pas la premire fois que ce cher Martin Scorsese ralise un documentaire sur la musique, loin de l. Surtout, son chemin a dj crois celui deBob Dylan: lorsque le cinaste filme le dernier concert du groupe The Band la fin des annes 1970, dansThe Last Waltz, le chanteur apparat presque comme magie. Presque 30 ans plus tard, en 2005, il lui consacre tout un documentaire qui s’tale sur plus de trois heures,No Direction Home.

En 2019, c’est sur Netflix qu’on peut dcouvrir la nouvelle approche de Scorsese sur Dylan : un film hybride, la fois documentaire actuel et plonge dans un pass qu’on croyait oubli. En effet,Rolling Thunder Revue revient sur la tourne de concerts ponyme donne par Bob Dylan, entour de toute sa troupe en 1975.

Quelle chance : tout a t film, avec une grande matrise qui plus est, et la beaut du grain rend ainsi fades les simples interviews filmes de nos jours. Bien entendu, celles-ci sont indispensables, questionnant sans cesse les souvenirs de ceux ayant particip de prs ou de loin la tourne, confrontant l’image qu’on peut avoir travers les archives filmes ce qui fut la ralit.

Invitablement, Scorsese finit par raconter une histoire des tats-Unis. Il l’annonce en ouvrant son film sur la clbration de 200 ans d’indpendance, mais surtout il en dresse le portrait travers les chansons de Dylan, travers ce qu’il reprsente alors dans les annes 1970. Le ralisateur des images d’poque l’avoue lui-mme : son but tait de montrer l’Amrique insolite.

Martin Scorsese et Bob Dylan : prise 2

Bob Dylan reste tonnamment mystrieux, que ce soit lorsqu’il est interview dans le prsent, ou dans les images du pass. Statues de cire et masques sont des objets qui reviennent plus d’une fois dans le documentaire, et ce n’est pas un hasard : le chanteur est une star discrte, qui ne semble pas vouloir tre connue qu’ travers son art. D’ailleurs, tout en tant sous-titr A Bob Dylan story,Rolling Thunder Revuen’est pas tant un film sur le chanteur que sur la tourne en elle-mme. S’il est invitablement souvent au centre de l’attention, Dylan est entour de toute une troupe de personnages passionnants, qu’ils soient plus ou moins connus (Joan Baezpar exemple).

Tout un focus est ainsi ralis sur Alan Gisberg, pote aux airs de gourou, avant queSharon Stone vienne faire une incursion dans le rcit. Au final, le documentaire est avant tout une longue balade (de plus de 2h20) dans l’univers de Bob Dylan et de ceux qui l’entourent, une priode prcise de la longue carrire du chanteur. On retient ainsi des scnes poignantes, grce auxquelles on en apprend un peu plus sur l’histoire derrire certaines chansons – par exemple, l’histoire deRubin Huricane Carter, boxeur emprisonn tort, dont une chanson de Dylan met en avant l’injustice qui lui est rserve.

Si parfois le film s’avre un peu long, c’est avant tout parce que Scorsese veut nous immerger dans l’univers de la tourne. Il n’hsite pas laisser des chansons entires, ce qui nous ramne au films-concerts que le cinaste avait livr (Shine a light, sur les Rolling Stones, ou The Last waltz, dj cit). Comme nous le montre un magnifique gnrique qui vient clore le documentaire, le cinaste veut faire durer le plus longtemps possible cette vire dans le pass, et peut s’estimer heureux d’avoir emmen le spectateur avec lui.

Rolling Thunder Revue : a Bob Dylan Story, disponible sur Netflix depuis le12 juin 2019. Ci-dessus la bande-annonce.Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.